Du bleu ardennais au rouge des terres béninoises.

26 juin 2023

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Article tiré du site de La Libre Belgique et rédigé par Constance Frère.

Le lundi après-midi, les élèves de l’institut Notre-Dame de Malmedy ont rendez-vous avec l’ONG VIA Don Bosco pour un long débriefing après leur retour du Bénin.

La route est longue entre Malmedy et Bruxelles et, pourtant, à la vue des splendides paysages de l’Ardenne Bleue, le temps file. Dans un écrin de sapins et de verdure, il règne un silence apaisant dans les cours de récréation de l’institut. Cependant, du haut du troisième étage de l’édifice, les élèves et les professeurs patientent pour entamer le début des activités. Cela fait plus d’un mois que tout le monde est rentré et les retrouvailles sont chaleureuses.

Il faut donc peu de temps aux ateliers brise-glace d’Émilie, collaboratrice éducative chez VIA Don Bosco, pour que des sourires grandioses s’affichent sur les visages des élèves et que les regards, complices depuis septembre, soient facilement repérables. « Mettez-vous sur les chaises et, sans parler ni descendre de vos chaises, classez-vous du plus jeune au plus âgé« , déclare Émilie. Les élèves s’exécutent joyeusement. « Maintenant, choisissez un animal, ensuite classez-vous du plus grand animal au plus petit. Pour vous faire comprendre, mimez l’animal choisi !« , dit plus tard Émilie. Les élèves, légèrement désemparés, se surprennent en imitations éloquentes et les rires ne tardent plus à résonner dans la classe.

 Les impressions du voyage

Avant d’embarquer dans l’avion du retour, les participants et les participantes avaient reçu un petit carton carré sur lequel il leur était demandé d’écrire et de dessiner leurs impressions du moment. Précieusement conservé dans une enveloppe par Émilie, chacun récupère son petit carton et, ensemble, ils évoquent les émotions retranscrites. « Moi j’avais dessiné des petits bonshommes en couleur parce que j’avais vraiment envie de remercier le groupe, les profs, Émilie et les Béninois« , explique Mathieu. « J’avais dessiné un ciel bleu et le soleil. Le ciel bleu parce qu’on le voyait rarement là-bas. Puis le soleil parce que j’étais heureux de rentrer, même si j’étais bien là-bas » explique Florian. « Au retour, on m’a posé pas mal de questions. Et quand je racontais mon expérience, certaines personnes m’ont dit « Ah bon, ils ont des bus là-bas ? ». Je trouvais ça vraiment bizarre« , continue à expliquer Florian. « Et pourtant, quand on a commencé les ateliers ensemble, vous posiez aussi parfois des questions du même registre, non ? C’est ça l’objectif de ce projet, c’est de travailler vos imaginaires. On remarque que, sur certains points, on est similaires avec les Béninois, et sur d’autres pas. Et c’est important de comprendre les raisons qui expliquent tout ça« , réagit Émilie en souriant tendrement.

Les élèves de l’Institut Notre-Dame de Malmedy font un dernier selfie à l’aéroport de Zaventem avant leur départ vers le Bénin. ©Institut Notre-Dame de Malmedy
Tant de découvertes au Bénin dans le cadre du projet Move with Africa. ©Institut Notre-Dame de Malmedy
Un retour sur le parcours MWA

Tout le long du tableau, Émilie a collé une ligne du temps Move with Africa. Des ateliers d’octobre au week-end commun avec toutes les écoles du projet rassemblées, de la visite du musée de Tervuren à l’immersion au Bénin, chaque moment clé du projet est représenté. Il est demandé aux élèves de placer des gommettes de couleur sur un post-it avec une petite note explicative pour justifier les choix de couleur. En effet, ceux-ci ne sont pas anodins et supposent une appréciation différente. Répartis le long du tableau, les élèves discutent, réfléchissent et expriment leur avis sur les formations données pendant une année scolaire. Parmi les post-it, on peut lire : « J’ai appris à déconstruire mes stéréotypes », « J’ai compris le principe des inégalités sociales et leur injustice », « C’était intéressant, on ne se rend pas compte des différences dans les cultures avant de partir » ou tout simplement « J’ai bien mangé, c’était bon !« . Par moments, les élèves se montrent plus critiques en pointant du doigt les moments trop longs et monotones. De quoi s’améliorer, donc, pour les prochaines années !

« Au final, les moments informels, c’est là qu’on a le plus partagé. C’est encore plus agréable de le faire naturellement« , dit Florian.

« Certains sont plus timides que d’autres, il faut un peu des deux je pense« , explique Julie, la professeure responsable du projet.

« Ce qui était bien, c’est de voir qu’ils sont vraiment comme nous, en fait. Ils demandent aussi : que fais-tu, as-tu de la famille, etc. J’étais surpris car je croyais que ça serait différent là-bas alors qu’on est tellement similaires« , s’exclame Thijs, élève du groupe, en s’amusant avec les gommettes.

Les enseignements de cette expérience ?
Un moment de réflexion et de quiétude pour les élèves de l’IND Malmedy près de la porte des esclaves de Ouidah. ©Institut Notre-Dame de Malmedy

Les élèves sont ensuite répartis en quatre groupes pour réfléchir plus profondément à ce qu’ils retiennent du projet. Écrite, sur une grande feuille installée au milieu de chaque groupe, une phrase, différente pour chaque groupe, invite les jeunes à réfléchir et à l’annoter. « On a appris beaucoup de choses sur l’esclavagisme« , écrivent Petro, Julie et Simon. « Moi je trouve qu’ils sont vraiment créatifs au Bénin« , dit Thijs à Mathieu et Lucas. « Quand une télé est cassée, ils la réparent, ils sont inventifs« , continue-t-il. Pas la peine d’en dire plus, Mathieu et Lucas sont d’accord et l’écrivent sur la feuille. « Moi je trouve qu’ils ont parfois une autre manière de penser et de voir les choses. C’est intéressant« , exprime Mathieu. « C’est vrai, je note, et j’ajouterai qu’on a aussi appris qu’on n’a pas besoin de vivre dans l’opulence« , dit calmement Lucas au reste du groupe qui approuve.

Oscillant de groupe en groupe, les professeurs supervisent, conseillent ou rient des blagues taquines des élèves. Il reste encore bien des choses à se dire mais l’horloge tourne et c’est doucement l’heure de se dire au revoir. Heureusement, une seconde journée est prévue, à Bruxelles, pour rassembler toutes les écoles participantes et partager, ensemble, leurs expériences mutuelles. L’enthousiasme et la joie seront certainement de nouveau au rendez-vous !