Le mythe du numérique

17 octobre 2021

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Article rédigé par Christopher El Khazen

Voici plus d’un an que la pandémie de coronavirus a été déclarée en Belgique et que le premier confinement a été mis en place. Dès le lundi 16 mars 2020, les établissements scolaires ont été fermés. Les directions, le corps enseignant et les élèves ont dû faire face à de nombreux bouleversements. La vie scolaire a été fortement impactée, de même que les activités de notre équipe d’Éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidaire (ECMS). Elle a néanmoins pu réagir et saisir les opportunités que lui offrait cette situation sans précédent.

Alors qu’en temps normal, notre équipe ECMS organise une multitude d’activités avec de nombreuses écoles belges (des animations, des séances de coaching, des voyages d’échanges interculturels…), en 2020, elles ont toutes dû être annulées. Afin d’aider au mieux les enseignant·es à gérer cette situation particulière, nous avons pris le parti d’étoffer notre offre pédagogique. Nous avons notamment dispensé de nombreuses formations en ligne et développé un nouveau guide d’inspiration : « Coronavirus : aujourd’hui et demain, ici et ailleurs ». Sur base d’activités, de conseils et de témoignages d’élèves du monde entier, celui-ci propose des clés pour aborder le thème du coronavirus avec ses élèves et échanger sur l’impact de la crise.

En nous appuyant sur plusieurs enquêtes réalisées auprès des jeunes en Belgique, nous avons amorcé une réflexion sur l’utilisation du numérique dans l’enseignement. L’une de nos grandes conclusions est la nécessité de donner de véritables moyens aux écoles pour pallier l’absence de cours en présentiel. Mais comment y parvenir ?

Notre équipe a identifié plusieurs pistes de solution : le développement d’une véritable stratégie numérique qui tient compte des besoins du corps enseignant et des spécificités des cours généraux et des cours à option, l’aménagement de temps de formation pour les enseignant∙es, ainsi que la mise à disposition de matériel informatique pour chaque élève et de logiciels adaptés aux spécificités de chaque cours.

L’enseignement à distance n’aura cependant jamais vocation à remplacer entièrement les cours en présentiel. Si cela est vrai pour l’enseignement général et technique de transition, ça l’est d’autant plus pour l’enseignement professionnel et technique de qualification. En effet, nos futur·es électricien·nes et fleuristes ont besoin d’apprendre leur métier dans des ateliers, avec le matériel adéquat et les enseignant∙es pour les guider dans leur apprentissage. Cela vaut également pour d’autres filières, telles que l’hôtellerie, l’agronomie, la coiffure, l’industrie, les arts appliqués et les services à la personne.

Ces derniers mois, nos échanges avec les enseignant∙es ont confirmé les résultats de plusieurs études : il existe bel et bien une fracture numérique, à la fois sociale et générationnelle. Face au digital, les élèves ne sont pas sur un pied d’égalité et un retard tend à se généraliser chez les élèves venant de familles plus vulnérables.

Bien que 94 % des jeunes possèdent un smartphone, son utilisation n’est pas adaptée à l’apprentissage à distance. Certes, suivre un cours en ligne via un téléphone portable est tout à fait réalisable, mais utiliser des programmes tels que Microsoft Word ou des plateformes de collaboration en ligne l’est beaucoup moins. Les chiffres indiquent également que près de 40 % des jeunes n’ont pas accès à un ordinateur et que celles et ceux qui y ont accès doivent bien souvent le partager avec les membres de leur famille, ce qui affecte leur apprentissage. Ce sont donc autant de jeunes qui, dans les circonstances actuelles, peinent à suivre les programmes scolaires.

Après les mesures liées au COVID, notre équipe ECMS a repris ses projets d’accompagnement dans les écoles avec lesquelles elle collabore. Nous constatons que la motivation des enseignant·es et de leur direction est bel et bien intacte. Ensemble, nous avons la ferme intention de continuer d’accompagner les jeunes dans l’acquisition de savoirs, d’attitudes et de compétences qui leur permettront de construire un monde plus durable, à leur image. Avec le retour du printemps, les élèves ont plus que jamais des envies de contacts sociaux, mais également d’apprendre et d’entreprendre.