Voyage d’échange interculturel en Tanzanie

14 juin 2023

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Article rédigé par Emmelie Boutens

Pendant les vacances d’été 2022, Warre (16 ans) et Noah (19 ans) sont partis en Tanzanie avec dix autres élèves de Don Bosco Sint-Denijs-Westrem. Non pas pour se détendre et profiter du soleil, mais pour réfléchir aux objectifs de développement durable avec les élèves de Don Bosco Oysterbay à Dar Es Salaam.

Revenons un instant en 2018. À Don Bosco Sint-Denijs-Westrem, la deuxième édition de la Kitchen Battle est organisée : un événement culinaire où les élèves sont invité·es à préparer et à servir, avec leur famille, un plat typique de leur pays. Un beau projet qui n’a pas échappé à VIA Don Bosco, puisqu’à l’occasion du 50ème anniversaire de l’ONG salésienne, Don Bosco Sint-Denijs-Westrem a remporté le VIA Youth Innovation Award.

« Nous avons lancé un appel aux différentes écoles Don Bosco pour qu’elles organisent une initiative autour de la citoyenneté mondiale et qu’elles mettent en valeur la diversité », explique Emmelie Boutens de VIA Don Bosco. « La Kitchen Battle de Don Bosco Sint-Denijs-Westrem a été la gagnante imméritée. L’école a remporté le prix ainsi qu’un programme d’échange avec des jeunes en Tanzanie.»

Merci le Coronavirus

Une belle histoire, jusqu’à ce que le coronavirus pointe le bout de son nez. Mais finalement pour un mieux pour Warre et Noah. « Nous avons eu de la chance », dit Noah en riant. « Le coronavirus a fait en sorte que l’échange ne puisse pas se faire à ce moment-là. Le parcours n’a été entamé que l’année scolaire dernière. Nous étions alors étudiants en cinquième année et nous avons eu l’opportunité de participer à cet échange. » Warre ajoute : « Au début de l’année scolaire, il a été annoncé qu’il y aurait un projet autour des objectifs de développement durable (ODD), avec un voyage d’échange en Tanzanie comme « cerise sur le gâteau. » Il y avait plus de cinquante personnes intéressées, mais comme on pouvait s’y attendre, une grande partie d’entre elles ont abandonné le projet lorsqu’il est devenu évident qu’il ne s’agissait pas seulement d’un voyage. « Mais nous, nous n’avons pas abandonné », s’amuse Noah.

Car le projet ne se résumait pas qu’à un simple voyage d’agrément en Tanzanie. « Avec ce type d’échange, VIA Don Bosco veut favoriser le dialogue entre des jeunes de cultures différentes », explique Emmelie. « Nous espérons ainsi les encourager à devenir des citoyen·nes du monde responsables, critiques et solidaires. » Finalement, douze élèves sont resté∙es. « Avec ce groupe, nous avons travaillé autour des ODD pendant un an », explique Warre. « Nous devions choisir trois objectifs et développer des idées d’actions que nous pourrions réaliser à l’école. Nous avons choisi ‘Industrie, innovation et infrastructure’, ‘Pas de faim’ et ‘Villes et communautés ‘, ajoute Noah. « Durant un an, nous nous sommes réuni·es après l’école pour concevoir et mettre en œuvre ces actions, sous la supervision d’Emmelie. »

Un été inspirant

Pendant ce temps, les élèves de Don Bosco Oysterbay, en Tanzanie, ont également mis des choses en place. « C’est à cela que servait ce voyage d’échange », poursuit Warre. « Nous avions aussi des moments pour nous détendre, mais avec nos correspondant·es, nous prenions du temps tous les jours pour réfléchir ensemble et échanger des idées d’actions en lien avec ces ODD. » Emmelie précise : « VIA Don Bosco a beaucoup d’expérience dans l’organisation de tels voyages d’échange. Grâce à cette expérience, nous pouvons travailler en profondeur et avoir plus d’impact sur les jeunes et le corps enseignant. » Mais les ODD n’ont pas été les seuls éléments qui ont inspiré Noah : « Bien sûr, on apprend beaucoup à ce sujet, mais le fait d’être immergé dans une autreculture pendant dix jours m’a peut-être encore plus inspiré. »
Une culture qui a touché Warre et Noah. « Il y a beaucoup de différences avec nôtre culture. C’est incroyable de voir comme tout le monde est mis sur un pied d’égalité là-bas. Il n’y a pas de discrimination et le sens de la famille est super important », expliquent-ils en chœur. « La mentalité en Belgique est complètement différente. Chez nous, on est ’ obligé’ d’aller à l’école, alors que là-bas, les élèves se réjouissent de pouvoir aller à l’école. Les jeunes y voient l’opportunité d’un avenir radieux. Un avenir où ils et elles pourront subvenir aux besoins de leur famille. »

« Il faut résoudre les problèmes ensemble et tout le monde peut y contribuer. » 

« Il y a longtemps que je ne m’étais pas senti aussi heureux »

« Nous pensons que les autres élèves rêvent de venir dans un pays comme la Belgique, mais rien n’est moins vrai. »

Tou∙te∙s ensemble

En bref, on peut dire que le voyage et le processus dans son ensemble ont été une source d’inspiration. « Absolument », acquiesce Noah. « Auparavant, les objectifs de développement durable me laissaient complètement indifférent. Je me disais qu’on était pas si mal, après tout. Mais les problèmes existent. Il faut les résoudre ensemble et tout le monde peut y contribuer. Je me suis rendu compte que je pouvais avoir un impact, moi aussi. » Warre, n’oubliera pas non plus cette aventure. « Ce voyage m’a appris énormément. Je me suis fait des ami∙es que je n’oublierai jamais. J’ai vécu des choses que je ne vivrai probablement plus. On se retrouve dans un contexte dont on n’a pas l’habitude, mais on se sent quand même chez soi. Je suis plutôt une personne introvertie en temps normal, mais ce voyage m’a permis de me ‘lâcher’. Ça a été incroyable ! » Noah est d’accord. « Honnêtement ? Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi heureux. Pendant ce voyage, je n’ai pas eu besoin de téléphone portable. Le simple fait d’être avec ces gens, dans ces lieux… C’était merveilleux ! J’avais presque envie d’y rester. Je me souviens encore d’une conversation avec un correspondant du groupe : alors que je pensais qu’il ne rêvait que de vivre dans un pays comme la Belgique, je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout le cas. Il est heureux là-bas et ne veut pas aller dans un pays aussi développé et régi par tant de règles. Mettez-le dans un pays comme le nôtre et il serait malheureux. »

Le voyage ne dure cependant qu’un temps et les deux élèves ont dû revenir dans leur école en Belgique. « Mais ce n’est pas fini », s’exclame Warre. « C’est pourquoi nous avons choisi de commencer ce parcours avec des étudiant·es de cinquième année. Nous avons encore un an pour transformer nos idées en actions concrètes. » « Par exemple, nous avons déjà distribué de la soupe dans la cour de récréation et veillé à ce que le magasin de l’école propose des aliments sains plutôt que des en-cas malsains. D’autres initiatives sont en cours de préparation », conclut Noah. « Les ODD continueront à vivre dans l’école. Et le voyage dans nos mémoires. »